Société de surveillance, couple sans surveillance - La chronique de Maïa Mazaurette

Inscription

Discrétion & Anonymat garantis !

Je m'inscris


Faites des rencontres extra-conjugales en toute discrétion !
Inscrivez-vous gratuitement et rejoignez les milliers de membres connectés près de chez vous !

catégorie : Actualités

Société de surveillance, couple sans surveillance - La chronique de Maïa Mazaurette

Ce mois-ci, la sexperte Maïa Mazaurette vous explique pourquoi il ne faut pas mettre son nez dans les affaires de son partenaire. Et si, pour être heureux en couple, il suffisait de ne pas s’intéresser de trop près au téléphone ou à l’ordinateur de sa moitié ?

Vous l'aurez sans doute remarqué, les inventeurs ne manquent pas d'imagination quand il s'agit d'alimenter notre paranoïa : il existe un site pour savoir si notre conjoint est sur Tinder, les entreprises de honey trapping sont légion, vous trouverez même un lit qui dénonce les infidélités commises à domicile ! Sans aller jusqu'à payer quelqu'un pour tenter de séduire le mari ou l'épouse, la technologie moderne n'en finit pas de nous proposer des mini-caméras, des micros, voire des tests ADN pour « vérifier ».

Il se trouve qu'on ne devrait pas vérifier. La monogamie consiste à ne pas vérifier : à faire confiance – et à savoir que si les modalités de la monogamie évoluent (en s'autorisant une escapade), le mieux est de ne pas savoir. L'infidélité consiste justement à protéger son conjoint : pourquoi ne pas partir du principe que si notre conjoint opère en cachette, c'est pour une bonne raison – et pas forcément pour une raison égoïste ? Plutôt pour ne pas nous blesser, ou éviter de nous inquiéter inutilement, quand il ne s'agit que d'une passade ? Quand on surveille les allées et venues, les emails et les coups de téléphone d'une autre personne, on brise tout autant l'idéal de confiance monogamique que quand on couche ailleurs.

Au niveau pratique c'est encore pire. Sauf à travailler ensemble, sortir ensemble, faire ses courses ensemble, la surveillance demande des talents d'ubiquité et un impressionnant potentiel insomniaque. Autant placer nos amoureux sous cloche ! Il faudra bien sûr étendre sa suspicion à l'entourage : si on est trompé/e alors il existe un/e complice – il faudra éplucher les relations professionnelles, il faudra remettre en cause les amitiés les plus épanouissantes, mais aussi interdire les simples rencontres dans le métro et superviser les interactions les plus banales. Commander son expresso peut devenir un crime, quant à aller chez le docteur, vous n'y pensez pas ! Car un docteur, ça touche. Et parce que ça peut arriver (dans le pire des cas, même l'improbable devient possible) : il faudra aussi se méfier de la famille – nous avons tous entendu des histoires mettant en scène des cousins ou des belle-mères. Les déjeuners dominicaux risquent d'en prendre un coup...

Ensuite, parlons des résultats. Soit on trouve quelque chose et on est malheureux : croyez-le ou non, c'est pourtant le mieux qu'on puisse espérer – l'affaire est découverte, on se lance ou non dans un scandale, un divorce, une thérapie, mais c'est terminé. L'alternative est pire : ne rien trouver. Car nous voilà alors condamnés à chercher encore, partout, tout le temps, à imaginer des machinations encore plus complexes, à scruter des ennemis encore plus pathétiques (la banquière, vraiment ?). Il n'existe que deux limites à la vérification maniaque : celle du compte en banque, et celle de notre santé mentale.

Et parce qu'enfin nos conjoints ne sont pas des idiots : une surveillance réellement discrète, voire indolore, peut s'envisager si on parle d'une vérification ponctuelle et non-invasive. Mais dès que la suspicion est installée, c'est fichu. Toute surveillance laisse des traces, et nous enferme dans notre propre piège : pour prouver que l'autre ne mérite pas notre confiance, on se retrouve à ne plus mériter sa confiance non plus. Zéro partout, dégâts collatéraux, balle au centre.

Le fait est que si votre conjoint/e est infidèle, il ou elle estime que vous ne devriez pas savoir. Et si vous aimez votre conjoint/e, vous devriez respecter cette opinion. Il n'y a rien de mal à ne pas savoir. Cela ne transforme personne en dindon de la farce, surtout quand la paranoïa a des conséquences mille fois plus destructrices. Dormez sur vos deux oreilles, acceptez de ne pas tout contrôler : vous avez paradoxalement moins à perdre en ouvrant la porte (ou en refusant de vérifier si elle est verrouillée) qu'en transformant votre couple en bunker.